*Ok, j’ai l’air de quoi, moi ?* Je fixe mon visage dans le miroir des wc tout en faisant le point. Je me retrouve dans un café très typé parisien dans je ne sais même pas quel quartier et dont la serveuse est mignonne. Ca, c’est noté. A part ça, j’ai l’air d’un type qui vient de se taper une nuit blanche et qui, après deux expresso corsés, a presque retrouvé l’esprit clair. Heureusement d’ailleurs que j’ai pu sauver mes affaires en récupérant mon sac au passage, parce que la chemise de cette nuit, naze ! Reste qu’y a comme une odeur vague de brûlé quand même sur celles qui étaient dans le sac, j’espère que ça passera à l’air libre. Et que j’aurais bien besoin d’une douche. Pour la nuit blanche, ça va, j’ai fait pire, ça se voit pas trop. Je me souris à moi-même en repensant au client qui est entré tout à l’heure alors que je me rasais et que j’ai salué tout à fait naturellement ; ça me fait marrer. Tout va bien, je retrouve mon entrain normal, je vais vite fait oublier tout ça, Jack, l’appart, le macchabé et tout le reste, me barrer et basta. Cet après-midi, le fameux rendez-vous, et ensuite… Ah ! *Attendez de voir ce dont je suis capable, Sév, t’es le meilleurs, tu sais ça ?* Après cet encouragement fraternel à moi-même, je récupère mes affaires et les range plus ou moins en vrac.

Je ressors des toilettes, sac sur l’épaule, et passe entre les tables pour rejoindre celle où Jack est attablé en m’attendant. Je sais toujours pas trop quoi penser de lui. Ce mec, d’abord il me fourre dans les emmerdes et me fais passer pour suspect et l’instant d’après il m’en sort avec tout autant de facilité et un côté paternaliste irritant. En attendant, c’est lui qui payeras les cafés, y me doit bien ça. J’arrive à sa hauteur, tandis que la radio allumée en fond blablate les nouvelles du jour, habituellement mauvaises, le monde va mal tout ça, tout ça. Je viens tout juste de poser le sac sur la chaise d’à côté que je me fige dans mon geste et tends l’oreille.  « … incendie qui s’est déclaré dans un immeuble du quartier... aucune victime à déplorer… pompier cherchent toujours la cause du sinistre… » J’en reste plus que perplexe, c’est bien le quartier, mais il manque quelque chose. Debout la main sur ma chaise, comme si j’allais m’assoir alors que ça me traverse même pas l’esprit, je commente à voix haute pour mon vis-à-vis.

- Aow… C’est nous, ça, hein ? Mais… aucune victime ? Pourquoi ils parlent pas de ce type… Jack ? T’as entendu ?

Est-ce qu’un cadavre peut disparaître dans un incendie domestique, il me semble bien que non, mais d’un autre côté un cadavre ne peut pas non plus sortir d’un appart par lui-même, à moins d’être dans un film de zombie, et c’est pas le cas. Enfin, je crois. Alors… alors quoi ? Pourquoi est-ce que je m’en préoccuperais ? J’ai un rendez-vous méga important dans plus que quelques heures, stop, c’est plus mes oignons… Et pourtant c’est franchement pas normal ! J’embraie juste après pour poursuivre sur ma lancée.

- On fais quoi ? Non, plutôt, tu veux faire quoi, moi j’ai rencart je te rappelle.

En même temps que vous lancez cette dernière réplique, vous prenez quelques minutes pour consulter vos mails sur votre smartphone.

Et là, horreur. En réouvrant le mail de confirmation de l'entretien, vous remarquez que l'heure de rendez-vous n'est pas celle à laquelle vous vous attendiez (non pas "l'après midi", mais "juste avant midi").

Il va falloir décamper rapidos, et laisser en plan Jack qui n'aura d'autres choix, après cette difficile mâtinée, que d'appeler Emilien pour lui donner les nouvelles pas très concluantes de son enquête...

Là, c'est bon, j'en ai ma claque. Cette affaire est définitivement trop bizarre. Je me laisse tomber sur ma chaise face à un Jack absorbé par les infos et je n'écoute même pas une éventuelle réaction de sa part. Histoire de me sortir tout ça de la tête, je récupère mon téléphone que j'ai réussi à recharger sur une prise du café, enfin ! et je check ma boîte mail que j'ai pas pu ouvrir depuis hier soir. Ca paraît loin, hier soir ! Pourtant, c'est juste quelques petites heures, à peine une nuit. La vache, j'ai l'impression que ça fait des semaines que je débarquais du train. Mais bref, je check ma boîte mail, disais-je. Et je laisse échapper un joli chaperon de juron qu'il serait mal venu de reproduire quant je relis le courriel du musée.

Email a écrit:

"... rendez-vous au musée du Louvre le à 11h30, annoncez-vous à l’accueil pour rejoindre le bureau, salle 106... "

Comment j'ai pu zapper ça ?! 11h, pas 15h ! Je me traite de tous les noms et je crois bien que je fais ça à voix haute, en plus. Un regard sur ma montre m'indique qu'il me reste juste assez de temps, du moins j'espère, pour y arriver. Je n'ai pas franchement les horaires des transports publics en tête, pas eu le temps d'apprendre par coeur le réseau (non c'est une blague, j'ai même pas regardé à l'avance), mais je sais que le métro est un truc cool qui va certainement me sauver la vie - pas comme les bus de Lausanne avec leur cadence de tortue et les embouteillages. Bref, ça sent l'urgence. Je referme mon smartphone, le fourre dans ma poche de jeans, me lève, attrape mon sac, repousse la chaise, et alors que j'étais déjà retourné prêt à partir je me souviens de mon vis-à-vis le vrai faux flic de la nuit, me retourne vers lui, lui lance un bref :

- Je me suis planté dans l'heure, j'suis à la bourre y faut VRAIMENT que j'y aille, t'as mon numéro en cas de besoin ! Bye !

Je refais un demi-tour pour revenir en arrière derechef :

- Ah et merci pour m'avoir sorti de là, Jack ! A la prochaine !

Et je re-re-re-pars avant de lui laisser le temps d'intervenir d'une quelconque manière en lui laissant la note du café en guise d'adieu. Oublié, l'appart, l'incendie, le cadavre disparu et tout le toutim. Tout ce qui tourne dans ma tête désormais, c'est *Arriver à l'heure, bordel !*. Et j'espère en un fol espoir que le recruteur est une belle blonde.

Juste après le départ de Séverin, Jake n'a pas même le temps de composer le numéro d'Emilien que son téléphone se met à vibrer. Il s'agit justement de votre ami de policier.

Emilien a écrit:

Wow ! Jack ! Tu vas bien ? J'ai pas eu de nouvelles depuis que je t'ai envoyé chez le Damodred, et je vois que l'appartement a brûlé ?! C'est quoi ce bordel ! Tu as pu lui parler, au fils ?!

Il faut dire que les coïncidences sont douteuses : d'abord le père est retrouvé noyé dans un cerceuil de métal, puis le fils inanimé à son domicile... Il va falloir réfléchir aux informations que vous délivrez, même à votre ami... Mais vous êtes profondément intrigué par la situation.

*C'est Jake, pas Jacques gamin. On prononce "Djèïque". C'est américain....tant pis, je crois qu'ils feront tous la faute. Et puis il est déjà parti.*

Il relaissa tomber sa main qu'il avait levé pour saluer Séverin. Un gars qui, malgré son manque de sociabilité flagrant paraissait un chic type mine de rien.
Jake se passa les mains sur le visage, comme pour essayer d'enlever toute la fatigue qui pouvait se lire dessus et notamment dans les poches sous ses yeux. En soupirant, il attrapa son portable, projetant d'appeler Emilien.
Visiblement les grands esprits sont fait pour se rencontrer puisqu'il n'eut pas à faire grand chose, son ami policier l'appela avant qu'il n'ai pu composer le moindre numéro. D'un geste du pouce que nous connaissons tous désormais, il décrocha:

- Allo?

- Wow ! Jake ! Tu vas bien ? J'ai pas eu de nouvelles depuis que je t'ai envoyé chez le Damodred, et je vois que l'appartement a brûlé ?! C'est quoi ce bordel ! Tu as pu lui parler, au fils ?

- Navré, j'ai peut-être une mère dingue, mais j'ai pas encore appris à causer aux morts. Il s'était enfilé des tas de médocs avant que j'arrive. Il était déjà mort. J'ai fait le tour de l'appart', y avait personne de suspect. À un moment j'ai senti la fumée, ça brûlait. Je me suis tiré vite fait, je sais pas ce qui a pu arriver.

Il ne mentait pas tant que ça. Séverin n'était pas suspect. S'il avait voulu tuer Damodred, il aurait commencé par foutre le feu. Et on ne tue pas un gars qui habite seul avec des médicaments. C'était clairement du suicide. À moins que ce ne soit plus compliqué encore, mais là ça demandait les résultats de l'enquête pour pouvoir se prononcer.

- Tu sais ce qu'on va faire ? Je vais rentrer dormir, parce que je suis crevé, et on à qu'à se voir ce soir autour d'un verre, ça te va ? Je te laisse même le choix du bar.

Vous entendez Emilien jurer à l'appareil.

Emilien a écrit:

Putain de merde, t'es sérieux ?! Mais c'est dingue cette histoire; On a un sérial killer qui cherche à éliminer cette famille ou quoi ? Il était mort, t'es certain ?
Je suppose que t'as pas eu le temps d'examiner le corps ! Ou l'appartement. Mais bordel, le truc est parti en fumées !! Heureusement tu es sain et sauf.

Un silence, après que vous ayez témoigné votre volonté d'aller vous reposer.

Emilien a écrit:

Ouai, je pense que tu as mérité une petite sieste. Mais reste à côté de ton téléphone, je vais essayer de faire des recherches sur Damodred, et me renseigner sur l'incendie... Rentre chez toi, je te tiens au courant pour ce soir.

Vous êtes donc libre de retourner à votre domicile... Mais n'ayez pas l'esprit tranquille, une nouvelle urgence est si vite arrivée...

Alors que vous vous apprêterez à payer votre consommation, vous remarquez que Séverin a vraisemblablement laisser tomber une carte sur le sol. Il s'agira d'une carte de visite :

Rebecca Frost
Fondation Novus
Institut de Paris
Place du Carrousel, le Louvre, Paris.

Vous êtes libre de choisir si votre personnage est au courant que Séverin l'a ramassée dans l'appartement de Matrim Damodred, ou si vous ignorez comment elle est arrivée en sa possession.

- Ouais t'en fais pas, je garde le téléphone près de moi, ouais. Maintenant je vais te laisser, faut que j'ailles dormir. Salut Emilien.

Et il raccrocha.
L'adrénaline était retombée depuis un moment déjà et les yeux de Jake commençait à se fermer pour de bon. Il héla donc une serveuse et paya les consommations, non sans décocher un petit sourire à la jolie demoiselle malgré la fatigue qui marquait son visage.
Qui marquait un peu trop semble-t-il puisque la serveuse eu plutôt l'air d'avoir envie de rire que d'être charmé.
Bof, tant pis, un peu jeune de toutes façons.

Avant de se lever, Jake vit une carte de visite à côté de la chaise de Séverin. il se pencha pour la ramasser et lu les mots suivants:


*Rebecca Frost...Le Louvre... Le gamin a dû laisser tomber cette carte avant de partir. Attends, est-ce qu'il l'a ramassé là-bas, à l'appart' ? Oa alors il s'agit juste de son rendez-vous... Hmmm...de toutes manières je voulais aller au Louvre pour mes...recherches personnelles, il sera toujours temps de poser des questions une fois là-bas. Mais là, direction...mon lit !*

Vous quittez donc le bar pour vous rendre à votre domicile.