Nom: Blanquet
Prénoms: Arnaud
Date de naissance: 15 juillet 1980
Genre: M
Age: 34
Nationalité: Française
Domicile: Bassens, France

Appartenance: Magnus
Don (le cas échéant): Maîtrise du silence

Arnaud se démarque de la foule et c’est regrettable. Ne demandant qu’à ne pas se faire remarquer, il déplore d’être difficilement ignoré avec sa grande taille et son air propre sur lui. Il n’ira pas jusqu’à marcher les épaules et le dos courbés pour autant et se tient aussi droit qu’il est admis de l’être, le regard résolument fixé devant lui.
S’il n’a rien d’un homme de la haute, il est fils de bonne famille et ça se voit. Arnaud s’habille pour être discret : jamais de couleurs criardes ou de coupes trop originales. Pour autant, il s’estime de bon goût et fait attention à sa mise : des mocassins, une paire de jeans propre et bien taillée surmontée d’une chemise et d’une jaquette en cuir. Un béret ponctue l’ensemble, élément indispensable pour faire oublier les appareils auditifs d’une teinte trop pâle sur sa peau sombre.
Lorsqu’il l’enlève, on remarque enfin la légère barbe qui recouvre son visage - dont il s’occupe avec soin - et si vous avez de la chance, l’esquisse d’un sourire éclatant devenu rare avec les années.

Caractère: En peu de mots, Arnaud est un homme gentil et plein de compassion qui n’a jamais trouvé d’équilibre pour le rester tout en s’adaptant aux réalités de ce monde. Son idéalisme mis à mal, ses illusions brisées l’ont poussé à se réfugier derrière un mur de colère et de méfiance qui le ronge.
Fier et obstiné, trop en tout cas pour admettre qu’il en souffre, il a érigé la confiance au rang de d’objet sacré. La bafouer est pour lui la plus grande des traîtrises, celle pour laquelle il gardera rancune jusqu’à la fin y compris contre lui-même. Il faut donc la mériter et il ne l’accorde qu’une fois.
Arnaud a, sans surprise, un noyau dur de principes qui régit sa vie et supporte mal l’injustice. Protecteur et attentionné, il tend à faire passer son bien-être après celui de ses proches ou protégés. Sa détermination à bien faire le rend parfois pénible tant il peut pousser loin la loyauté, mais c’est aussi ce qui le rend aussi fiable. Enfin, c’est un homme discret qui garde ses avis pour lui. Si on lui pose la question, il répondre qu’écouter lui sied mieux et, vrai ou non, c’est ce qui le rend agréable à côtoyer.
Tics et Manies: On le voit fréquemment tapoter des séquences sur des surfaces dures lorsqu’il réfléchit, souvent des extraits de partitions musicales.
Signature musicale: https://www.youtube.com/watch?v=fPo6v0KhBdw

La lumière donnait sur le salon confortable de son appartement. Assez grande, lumineuse malgré les meubles sombres, la pièce accueillait chaleureusement ses visiteurs. Arnaud la traversa sans bruit, souple sur la moquette crème épaisse qui recouvrait le sol. Un seul endroit l’intéressait vraiment : oublié, caché par deux grands yuccas au feuillage dense, il abritait la seule chose qu’il n’avait plus supporté de voir ces deux dernières années. Derrière les plantes, son piano attendait d’être à nouveau remarqué, recouvert d’un drap blanc qui le fondait presque avec le mur.

Aujourd’hui était un jour d’espoir néanmoins. Après un mois d’essai fructueux, il était permis à Arnaud de croire à nouveau en l’avenir. Cacher l’instrument devenait inutile : il pourrait bientôt y jouer. Malgré tout, lorsqu’il fut tout près, sa main se posa avec hésitation sur le tissu. Et s’il était trop tôt ? Et s’il vendait la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? Sandra, sa sœur, avait confiance mais lui n’en était plus capable depuis longtemps. Il lui avait toutefois promis de le faire en dépit de la tentation de fuir et d’oublier le piano là.

L’estomac noué par l’appréhension, il fixa les pots en terre cuite comme pour y chercher la preuve d’un obstacle physique insurmontable. Bien qu’épais et lourds, et malgré les deux plantes encombrantes, les porter ne demandait pas un effort qu’il ne pouvait pas fournir. Un soupir inaudible lui échappa lorsqu’il se pencha pour un attraper un. Il faudrait procéder avec prudence et les reposer l’un et l’autre sans créer trop de vacarme. Même le bruit blanc de ses nouveaux appareils ne changerait rien au problème s’il ne faisait pas attention.

/ Libère ton piano avant de passer à table. /

L’ordre de sa sœur lui revint en mémoire alors qu’il s'apprêtait à se relever pour laisser l’exercice à plus tard. Une commande qui, dans l’absolu, n’avait rien de difficile, mais lui coûtait beaucoup. Depuis son avant-dernier traitement, l’hyperacousie provoquée par son accident de voiture quatre ans plus tôt avait empirée au point où il supportait à peine d’entendre. Obligé d’arrêter le piano faute de pouvoir endurer le son, il l’avait mis au rebut avec le faible espoir qu’un jour sa situation s’améliorerait. Lui qui s’y adonnait depuis ses six ans avait peiné à encaisser le choc. Même sa nouvelle passion pour les pandas ne lui faisait pas oublier la première de toute : la musique. Tout un pan de sa vie laissé derrière lui avec regret. Voire deux.

Comment peut-on être interprète lorsqu’on ne supporte plus le bruit ? Même pour quelqu’un qui traduisait le français en langue des signes française ou internationale et inversement, il était nécessaire d’être en mesure d’écouter. Et lui ne pouvait plus. Le chômage l’avait heurté avec la même violence que l’absence de piano : il aimait son travail et ne plus le faire lui pesait.
Aujourd’hui néanmoins, tout changeait.

Un peu rasséréné, Arnaud reprit courage. Il ferma les yeux quelques secondes et prit une profonde inspiration. Un silence absolu s’ensuivit, lui apportant une paix trop longtemps refusée. Le bruit blanc généré par ses appareils auditifs ne se faisait plus entendre, et malgré leur efficacité, ne plus l’entendre le soulageait. Il pouvait à nouveau sortir de chez lui et se rendre dans les endroits calmes, mais ne rien entendre valait toujours mieux. Un don providentiel découvert par hasard six mois plus tôt au cours d’une crise, mais chéri depuis.

Il lui sembla donc tout de suite plus simple de déplacer les plantes maintenant qu’il ne risquait plus de se donner mal à la tête. Puis une fois relevé, Arnaud posa à nouveau sa main sur le drap. Il ne se laissa pas le temps d’y réfléchir et tira dessus sans attendre. Le drap glissa en soulevant la poussière, provoquant une quinte de toux que nul n’entendit.

Le piano noir lui faisait enfin face, identique à celui de ses souvenirs. Les deux enceintes qu’il utilisait auparavant n’avaient pas bougé non plus et attendaient, sous le siège, qu’ils les remît à leur place. Ça viendrait. Pour le moment ses doigts caressaient les touches. Il appuya sur l’une d’elle. Même sans le silence total qu’il imposait autour de lui, Arnaud savait qu’elle n’aurait produit aucun bruit. Le piano n’était pas branché. Ça aussi, ça viendrait.

/ Bravo. /

Quand sa sœur était-elle sortie de la cuisine ? Il n’avait perçu le mouvement de ses mains que du coin de l’œil, trop concentré sur l’instrument sous ses yeux pour la remarquer plus tôt, et sursauta en réalisant qu’il n’était plus seul. Elle ne commenta pas sa surprise, mais lui adressa un sourire aussi satisfait que moqueur. L'arrêt subit de fonctionnement de ses propres appareils auditifs ne la perturbait apparemment pas. Arnaud aurait donné cher pour savoir ce qu'elle pensait de cette bulle de silence qu'il pouvait provoquer, mais Sandra n'abordait pas le sujet - ou seulement en haussant les épaules. Garder son avis pour soi était presque une règle dans la famille.

/ C’est prêt. /
/ J’arrive. /

L’échange ne dura pas plus. Ayant eu la preuve qu’elle voulait, Sandra partait déjà vers la cuisine où elle avait dressé la table. Sa sœur lui rendait plus souvent visite que n’importe qui, sans doute parce que sa surdité la rendait bien plus agréable que les autres. Même s’il lui arrivait de faire du bruit quand elle ne faisait pas attention, elle signait pour discuter et rien que cette différence simplifiait leurs échanges. Leurs parents se donnaient rarement cette peine.

En se dirigeant vers la cuisine, Arnaud songea qu’il faudrait tout de même leur donner des nouvelles. Ils payaient son loyer, après tout, depuis qu’il ne travaillait plus. Leur dire comment les choses progressaient ne serait sans doute pas de trop, même s'il ne se voyait pas leur expliquer ce qu'il avait découvert sur lui-même.

Somme toute, ils pouvaient bien attendre encore un peu.

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