/Appartement Na Ra Kim/ -> /Jardin du Palais Royal/

La splendide jeune femme esquissa une mou disgracieuse reflétant sa déception quand elle réalisa que son contact était cette coréenne aux airs de petit lapin soyeux apeuré. Sa déception fut d'autant plus grande qu'elle avait fantasmé sur un beau et viril  agent secret en costard aux allures de Jamie Dornan. Dure piqûre de rappel de la réalité. D'une démarche non-chalente avec un air de femme fatale elle afficha un sourire digne d'une pub de dentrifrice.

- Je vous félicite, votre couverture de touriste asiatique paumée avec vos habits démodés est excellente

Ce sale petit yeou commençait à me courir sur le haricot. La jolie petite fleur d'orient commençait à perdre patience. La tête baissée, je souriais malgré moi. Un sourire animé de pointe d'agacement.
Je me redressai pour étirer mes bras vers l'arrière et faire glisser discrètement mon arme de poing dans ma paume. Je relâchai le tout dans un soupir de désappointement. J'avais envie de jouer un peu avec elle, comme elle faisait avec moi.

- 저는 김나라이에요. 제가 스파이 입니다. 여우가 비밀을 알다 푹하없습니다. 위험합니다. 여우는 죽어야한다. *

Sur cette dernière phrase, je pointai mon arme sur elle. Pour peut, on se serait cru dans un drama au moment du générique de fin. La musique du personnage principal serait lancée et un montage photo de l'épisode passerait avant d'envoyer le teaser du prochain épisode. Plein de spoiler cela va de soit...

Je regardai intensément ce petit yeou même si cette femme s'apparentait plus à une Gumiho° pour le coup. Elle en avait toutes les caractéristiques ! Mais ce n'est pas sa taille et sa beauté qui m'impressionneraient. Je me préparai à réagir en conséquence. Gumiho était à tout point de vue dangereuse et pas que pour les hommes.

Sa petite pique ne m'avait pas offusqué loin de là. Je l'avais ressenti comme une menace. J'étais une agente sur-entraînée des forces spéciales. Je n'allais pas me laisser impressionner par une journaliste de l'ombre. J'en avais fait plier des biens plus coriaces.

- Je pose les questions et tu réponds, Gumiho. Qui es-tu et que me veux-tu ?

Je tentai un coup de poker en essayant de la déstabiliser par ce petit surnom. Même si cela ne fonctionnait pas, l'idée de l'appeler ainsi me convenait plus que "White Fox". Quel nom ridicule !

*

Traduction:

*

Gumiho:

Lucie fut profondément déçue par ce comportement digne d'une lycéenne abreuvée aux séries américaines ponctuées de scènes dramatiques superflues. Elle tenta malencontreusement de jouer la carte de la diplomatie alors qu'elle était tiraillée par l'envie d'asperger la coréenne avec sa bombe au poivre (soigneusement dissimulée sous l'aspect d'une laque Dior).

-Au moins si vous avez daigné prendre une arme cela signifie que vous avez un semblant de conscience de la dangerosité de la situation. Néanmoins il vous faudra bien plus que "ça" ( dit elle en désignant négligemment l'arme du menton) pour vous défendre face à la spécificité des menaces auxquelles vous serez potentiellement confronté. Ni vous, ni moi ne sommes venues ici afin de nous comporter en star hollywoodiennes faussement énigmatiques dans un blockbuster. Je vous propose un simple et honnête échange d'information afin d'aboutir à une situation win-win.... Pourquoi tant de haine?


Elle jeta à un regard interrogateur laissant entrevoir une pointe de déception à son interlocutrice.

-야 미친년.정말 난처합니다!

*Cette femme est vraiment exaspérante. Elle ne comprend donc rien ! Pour elle je joue la comédie ? La peau de renard peut se revendre cher...*

Je grinçai des dents. De la haine ? Non je déteste juste les blonde et les garces avec de grands airs dans son genre. Un rire nerveux me pris. Elle me rappelait tellement toutes ces filles pourries gâtées en quête d'un puissant chaebol. Et ses yeux mielleux de sale renarde.

-Je n'ai vraiment pas envie d'écrire un rapport sur le fait qu'une civile c'est retrouvée malencontreusement sur mon chemin. Si je devais vous raconter ce que je sais, cette situation risquerait de se produire.

*Comment m'en débarrasser au plus vite...*

-Je n'ai pas besoin de vous dire de ne pas vous en mêler car vous avez l'air bien trop investit pour abandonner. Je vous donne une info contre votre raison.

J'inspirai profondément. La maison bleue ne sera pas contente mais ce sera un moindre mot que de devoir passer après un massacre.

-Je vais même faire preuve de bonne foi avec vous. Vu que vous m'inspirez énormément de sympathie je vais parler la première. Je me suis rendue il y a peu au Musée du Louvres. Vu que vous semblez savoir qui je suis je ne vais pas passer par quatre chemins. J'y ai rencontré un certain un certain Monsieur Lamerrant, quarantenaire lubrique et répugnant. Une faute d'innatention l'a amené à me réveler qu'une aile du Louvres est soit disant louée mais pas par le musée lui même. J'ai au moins réussit à obtenir cette information pour le moins des plus étonnante qui m'amène à me demander qui peut bien être assez riche et influent pour tenir au secret un service tout entier. Mais cet homme avait plus de pensée obscène que d'intérêt pour notre conversation. Je l'aurai bien tué moi-même mais je ne veux pas faire de rapport et il risque d'être utile vu son niveau de résistance face aux jolies femme. Par la suite j'ai fais la connaissance d'une aimable jeune femme avec qui j'ai eu un dîner à couteaux tirés nommée Alex Wincester.

Après ce petit monologue sans filtre, j'attendis sa réaction en espérant qu'elle aussi se montrera fair-play. Si après ça je suis toujours le pauvre petit lapin égarée de Corée, le gouvernement ne devrait pas trop m'ennuyer si un malheur devait se produire. Les gens et les objets apparaissent et disparaissent. Surtout autour de cette affaire.

La petite Gumiho ne semblait pas surprise par ces nouvelles. Je voyais bien que le parfum des secrets et de l'action qui découlerait de nos découvertes l'alléchait. Je lui souri de toutes mes dents avant de faire la moue.

-Pour se rendre là-bas ensemble, il nous faut un alibi. Quelque chose qui tienne bien la route. Même si le libidineux Lamerrant est visiblement attiré par tout ce qui peut bouger avec de jolies jambes, il n'est pas dupe pour autant. Je préfère ne pas le sous-estimer.

Je la regardai de haut en bas. Elle avait un sacré cran de se pointer à un rendez-vous armé. Je souris de nouveaux. La Gumiho ne devait pas être une amatrice. Je pointais du nez les planques potentielles de ses armes. Quitte ou double.

-Avant qu'on ne commence à parler affaires, pour qui travaillez-vous ? J'ai été honnête. À votre tour maintenant. Et n'essayez pas de me la faire à l'envers WhiteFox. Mais bien entendu, avant de nous rendre au musée du Louvre, nous devrons échanger vos fripes contre des vêtements plus seyants aux prochains jours.

*Tu croyais que je ne t'avais pas vu me dévisager ? Prends ça yeou !*

Je croisais les bras en attente de sa réaction. L'un des alibis les plus facile à mettre en place, et Dieu sait que plus c'est gros plus ça passe, serait de faire d'elle une journaliste culturelle qui aurait l’exclusivité de mon exposition. Après tout ne faisait-elle pas partie d'un trio de journalistes ? Enfin journalistes...

Lucie ne daigna point s'abaisser au niveau de son interlocutrice et ne releva pas la provocation. Dès que l'approbation de sa frénemie fut donné elle sentie son cerveau synthétiser quelques molécules d'adrénaline et ses neurones s'emballèrent, en une fraction de seconde elle déclama du tac au tac :

"-Primo : Je n'ai ni Dieu ni Maître autre que la morale et la raison

-Secondo: Notre couverture sera la suivante - Je serais une illustre journaliste pour une chronique sur une émission en vogue style investigation exclusive ou 77 minutes.

De cette manière les gardiens du musée se battraient pour la gloire d'être aperçus une poignée de seconde en prime time sur les chaînes attirant le plus d'audimat.

- Et vous....."


A contre-coeur, Lucie se retient de lui proposer les rôle de femmes de ménage philipéenne ou touriste nippone égarée. Inclinant légèrement la tête sur le côté elle invita sa future acolyte à achever cette phrase en suspens

Après presque 20 nouvelles minutes de tergiversations, vous décidez finalement de devenir constructives, et vous échafaudez un plan simple mais redoutable.

Pour Nara, les pseudos aveux d'Alex Winchester cachent un loup. Nara pressent que la jeune femme avec qui elle a dîné la veille, soit-disant conservatrice et coordinatrice Unesco au Musée du Louvre, est liée aux activités qui ont lieu dans cette aile secrète du Louvre. Elle a la conviction que la piste évoquée par cette femme, à savoir que les services secrets français y auraient domicilié des archives est fausse : aucun service d'intelligence ne divulguerait le lieu de ses archives, même à une "simple" attachée culturelle coréenne. Non, cette aile du Louvre cache quelque chose de plus grand qui pourrait intéresser ses supérieurs, et Nara le sait bien.

A première vue, une visite dans les bureaux d'Alex Winchester se révèlerait très instructive. Cependant, Nara sait d'expérience qu'un agent qui travailler pour un service confidentiel a été formé pour ne pas laisser de traces. Ce serait donc une perte de temps.

Par contre, il y a fort à parier que Pierre Lamerrant, en tant que Chef de la sécurité, est dans la confidence. Et bingo, il a un point faible pour les jeunes femmes.

Dès lors, le plan suivant est établi : Nara jouera de ses charmes pour détourner l'attention de Pierre Lamerrant, tandis que Lucie s'introduira dans son bureau pour fouiller son ordinateur à la recherche d'informations.